Morphologie
La grande nacre ou Pinna Nobilis est le plus grand mollusque à coquille méditerranéen pouvant atteindre plus d'un mètre de long à l'âge adulte. Elle se caractérise par une coquille bivalve constituée de 2 parties, appelées valves, articulées. Dans le cas de la grande nacre, les 2 valves sont symétriques et se présentent sous la forme de grands triangles étirés se terminant par un côté arrondi.
Répartition géographique
La grande nacre est un bivalve endémique de la mer Méditerranée. Elle vit plantée d'environ un tiers à la moitié de sa hauteur dans les herbiers de posidonie et fixée par son byssus très abondant et long, dans les fonds sableux ou vaseux, entre 1 et 45 m de profondeur. De beaux peuplements sont présents et bien protégés dans la réserve naturelle de Scandola et dans l'étang de Diana. Ailleurs sur le littoral, la pression de pêche est réelle et les densités faibles.
Habitat
La grande nacre de Méditerranée se rencontre sur des fonds sableux et principalement dans les herbiers de posidonies où elle vit enfouie dans le sédiment sur environ le tiers de sa hauteur, voire la moitié dans certains cas. Cachée dans son tapis de posidonie, à l'abri des chasseurs de trophées, la grande nacre peut, dans de bonnes conditions, espérer vivre jusqu'à 20 ans. Les effectifs de la grande nacre ont connu une chute spectaculaire depuis l'avènement de la plongée sous-marine dans les années 50. Considérée encore maintenant comme un trophée enviable, elle finit souvent ses jours comme attrape-poussière sur un meuble, et ses valves, qui se craquellent immanquablement en séchant, finissent en morceaux.
Alimentation
La grande nacre se nourrit de particules vivantes (plancton) ou mortes en suspension par filtration de l'eau grâce à ses branchies. Le courant d'eau quant à lui est généré par la présence de cils vibratiles.
Reproduction
La grande nacre est hermaphrodite et sa reproduction s'effectue par une succession d'émission alternée de gamètes mâles et femelles. La fécondation s'effectue en pleine eau et donne naissance à des larves qui après une période de vie planctonique vont se fixer sur un support ou s'ancrer dans le sol pour se développer et se transformer en bivalve.
Le saviez-vous?
La grande nacre de Méditerranée représente le plus grand mollusque bivalve de Méditerranée! Et avec le bénitier géant, la grande nacre fait partie des plus grands mollusques bivalves du monde!
Couchée sur le sol, la grande nacre est capable de se redresser à l'aide de son pied.
Sa pêche est donc strictement interdite et constitue un délit devant la loi, au même titre que la datte de mer, l'oursin diadème, la cigale de mer ou encore la patelle géante.(arrêté du 26 novembre 1992).
Conseils pour l'observation
Les grands spécimens se remarquent très aisément à l’intérieur de l’herbier de posidonie mais si vous faites attention vous remarquerez également les spécimens de plus petites tailles. Une règle d’or lors de votre incursion dans l’herbier de posidonie : une parfaite stabilisation et une attention particulière à votre palmage vous évitera de renverser une grande nacre!
Il est parfois possible de rencontrer de petits crustacés tels de petits crabes ou crevettes à l’intérieur de la coquille de la grande nacre qui y trouvent nourriture et abri sans pour autant déranger son hôte.
Pourquoi la côte des Nacres
La région de Solenzara comportait de grands champs de nacres qui s'étendaient le long de cette côte et qui étaient décris avec admiration par les premiers utilisateurs de masques de plongée. Dans les années 60 des exploitants belges peu scrupuleux sont venus faire leur récolte et les grandes nacres partaient par camions entiers sur la Belgique pour être transformés et vendus en objets de décoration. Aujourd'hui ce ne sont plus que des champs vides.
Si elle n'est pas encore une espèce rare sur les côtes corses, la grande nacre est néanmoins très menacée par les récoltes, parfois intensives et faites à des fins commerciales (ses coquilles sont encore cotées en collection) qu'elle subit et qui sont le fait de plongeurs.
Elle a été particulièrement prisée dans les années 1960 par les plongeurs sous-marins et est aujourd’hui victime du recul de l’herbier à Posidonie.
À ces prélèvements s'ajoutent les destructions par certains engins de pêches (chaluts sur les herbiers de la Côte Orientale corse) et par les ancres de plaisanciers labourant les herbiers. Les pollutions d'origines urbaines et industrielles détruisant localement des surfaces d'herbier de posidonies (rejets d'eaux non épurées, sédiments entraînés en mer en grande quantité suite aux incendies répétés détruisant le couvert végétal côtier ou aux aménagements littoraux, etc.) affectent certainement de façon sévère les populations de nacres. Enfin, la pollution générale des eaux de la Méditerranée par les métaux lourds, pesticides, hydrocarbures, etc., diminue très probablement la fécondité des adultes et leur taux de survie. Ses deux principaux prédateurs sont la daurade, capable de briser sa coquille et le poulpe, qui peut parvenir à écarter ses deux valves pour se nourrir de sa « chair ».
Ne ramassons donc aucune grande nacre; contentons nous de les observer.